History / Histoire

St Michael’s Tower, the ruins of a Cistercian church?

St. Michael’s Tower, whose restoration took two years, represents a strong symbol of the ancient Cistercian Bellebranche Abbey that was often battered throughout its long history. The Cistercian monks prayed or did manual labors while others pursued the intellectual work of copying and interpreting sacred texts.

Their vocations, practiced in an isolated setting far from the brutal world, allowed them to meditate in total serenity. The ideal location for a Cistercian abbey was either in a forest or near marshes (as is the case for the Abbey of Fontenay in Burgundy). The name Cistercian comes from the word “cistels”, an ancient term for reeds.

Cistercian abbeys were built on the same model with variations depending on the region:


- A cloister representing the heart of the abbey,

 
- A church, adjoining the cloister, that faced east,

 
- A building for the lay people who did most of the labor.

 

There is no doubt that St Michael’s Tower represents the oldest vestige of the abbey. It was part of a vast architectural ensemble that has today disappeared. The edifice was modified many times between the 12th and 19th centuries. Its function during the abbey’s glory days is unclear. The title infirmerie (infirmery) was a subject of speculation among researchers, some qualified it as an “enfermerie” or prison. This is not likely if we judge from the nearby Fontenay Abbey’s layout where the infirmery was isolated (which seems more logical). One interpretation suggests it was where manuscripts were kept. 

Finally, another name given to an infirmery that could be justified was apothicairerie (apothecary)...      Because the monks cultivated medicinal plants in the gardens referred to as “simple squares” where plants destined “to care for the body and soul” were grown.  These included (on a humorous note) the anaphrodisiac plants destined to help the monks focus their passions on the heavens (!) as well as marjoram, hops, lettuce, willow leaf, chasteberry, etc. 

The discovery of a consecration cross under the wall plaster during the interior restoration revealed that the north facade of St Michael’s Tower was originally part of a church since painted consecration crosses were part of the dedication ritual for Roman churches.

La Tour Saint-Michel, vestige d'une église cistercienne ?

La Tour Saint-Michel dont la restauration a duré deux ans, représente le symbole fort de l'ancienne abbaye cistercienne de Bellebranche, hélas malmenée au cours de l'Histoire. Les moines cisterciens avaient pour vocation la prière, le travail manuel et pour certains d'entre eux le travail intellectuel comme copistes et analystes de textes sacrés.

Leur vocation s'exerçait dans un cadre isolé des fureurs du monde, qui leur permettait de méditer en toute sérénité. L'écrin indispensable était constitué soit par une forêt, soit comme c'était le cas en Bourgogne par des marais. C'est de là qu'est né le nom de Cistercien, de « cistels » qui voulait dire roseaux à l'époque.

Les abbayes cisterciennes étaient toutes bâties sur un modèle commun avec des variantes suivant la région ou lepays d'accueil:

- Le cloître qui représente le coeur de l'abbaye,

- L'église, accolée au cloître et orientée vers l'est, 

- La maison des convers qui constituaient l'essentiel de la main-d'oeuvre.

La Tour Saint-Michel constitue sans aucun doute le plus ancien vestige de l'abbaye. Elle s'intégrait à un vaste ensemble architectural qui a disparu. L'édifice a été modifié à maintes reprises entre le XIIème et le XIXème siècle. Sa fonction à l'époque de la splendeur de l'abbaye reste imprécise. Le nom d'infirmerie a fait l'objet de spéculations parmi les chercheurs, d'autre l'ont qualifiée d'enfermerie donc de prison. C'est peu vraisemblable si l'on en juge par le plan de l'abbaye de Fontenay où l'infirmerie est isolée ce qui paraît logique. Une autre interprétation en a fait un lieu où entreposer des manuscrits.

Enfin un autre nom donné à une infirmerie et tout à fait justifié était apothicairerie..              En effet les moines pratiquaient la culture des plantes médicinales dans des jardins appelés « carrés simples » où se développaient des plantes destinées « à soigner le corps et l'âme ». Citons à titre anecdotique des plantes anaphrodisiaques destinées à orienter les ardeurs éventuelles des moines vers le ciel; entre autres la marjolaine, le houblon, la feuille de laitue, la feuille de saule, le gatillier, etc.

La découverte d'une croix de consécration pendant les travaux de restauration, sous l'enduit mural à l'intérieur du bâtiment, nous révèle qu'à l'origine la façade nord de la Tour Saint Michel s'intégrait à une église. Car les croix de consécration peintes faisaient partie du rituel de la dédicace d'une église romane. 

BELLEBRANCHE ou le rêve  cistercien, une brève histoire de l'abbaye

Né d’une volonté de suivre à la lettre la Règle de Saint-Benoît, l’ordre cistercien est créé en 1098 par l’abbé Robert de Molesme, fondateur de l’Ordre de Cîteaux. Les moines cisterciens souhaitent vivre selon une même charité, une même règle, dans la recherche de la solitude et dans la pauvreté et la prière. 

Dès lors, les fondations vont se multiplier en France. Etablie le 27 juillet 1152, l’abbaye de Bellebranche est la 389ème fondation de Cîteaux. Rapidement, Bellebranche devient l’abbaye la plus riche et la plus puissante des maisons cisterciennes du Maine Anjou. Voyant une intervention divine dans cet accroissement prodigieux, les contemporains construisent la légende de la fondation : elle raconte qu’un corbeau freux tenant dans son bec une branche de chêne, indiqua aux moines, en la laissant tomber, le lieu où devait être bâtie la nouvelle abbaye. Les armes de Bellebranche, d’or à l’aigle éployé tenant en son bec une branche de sinople rappellent cette histoire.

L’abbaye possédait la seigneurie de Beaumont-Pied de Bœuf et plusieurs autres fiefs considérables. Elle établit un vaste domaine agricole sur les terres avoisinantes et créa au XIII ème siècle pas moins de sept étangs exploités pour la pêche ou mis en culture. La pêcherie procurait au monastère d’importants revenus. À Bellebranche, les moines menaient une existence de labeur essentiellement agricole. La vie spirituelle faisait une large part à la charité comme en témoignent les règles propres à la communauté. À Angers, l’abbaye possédait un collège pour les études universitaires de jeunes moines.

Pendant la guerre de cent ans l’abbaye est saccagée plusieurs fois par les Anglais de 1344 à 1450. Les Anglais pillent la région pendant trois ans et s’emparent de la forteresse de Saint-Brice. Les moines de Bellebranche abandonnent alors leur abbaye aux mains de l’ennemi et se réfugient au château de Sablé avec leurs biens les plus précieux : croix, calices, livres et ornements. L’abbaye et ses proches métairies sont pillées, brûlées et détruites, bétail et stocks de grain et de vin, volés. Bellebranche est ruinée par la guerre. Vers 1375, l’abbaye rencontra de puissants bienfaiteurs pour l’aider à se reconstruire. 

À peine remise, sans avoir pu retrouver sa splendeur d’antan, l’abbaye est pillée en 1567 par les Huguenots et des moines sont pendus dans les allées de chênes. Quand Henri IV fonda le collège de la Flèche, il songea à lui annexer l’abbaye. Mais un conflit éclata entre les Jésuites et l’abbé de Citeaux qui obtint gain de cause. Bellebranche pu reprendre un peu d’activité en recevant des novices. En 1683, il ne reste qu’une communauté de quatorze cisterciens criblés de dettes. Les moines furent contraints de traiter avec les Jésuites qui disposèrent de Bellebranche pour en faire une maison de repos.

Enfin, la révolution mit un terme définitif à l’existence de l’abbaye. Et le 2 décembre 1794, des Chouans casernés dans la Maison abbatiale, furent attaqués par la garnison de Sablé, qui donna le coup de grâce à l’aventure cistercienne. Le 19 février 1793, le domaine de Bellebranche est vendu en bien national. En janvier 1798, l’ancienne abbaye avec les bois alentour est le rendez-vous des conspirateurs de la Mayenne et de la Sarthe. Autour de 1850, le domaine et les ruines de l’ancienne abbaye cistercienne sont rachetés par la famille Le Seyeux.

Parmi les quelques vestiges, le bâtiment des Convers et le logis de la Tour Saint-Michel, (inscrits à l’Inventaire des Monuments historiques), sont aujourd’hui peu à peu restaurés. Les Convers étaient des religieux destinés aux tâches domestiques. Leur bâtiment, plus rudimentaire que le reste de l’abbaye, se dressait à l’ouest du cloître et comprenait au rez-de-chaussée cellier et réfectoire, et à l’étage un dortoir. 

 

 

BELLEBRANCHE or the Cistercian dream, a brief history of the abbey

Born of a desire to follow the Rule of Saint Benoit “to the letter”, the Cistercian order was created in 1098 by Robert de Molesme, founder of the Order of Citeaux. The Cistercian monks wanted to live according to that rule and also charity works: they sought solitude through poverty and prayer.

Cistercian foundations subsequently multiplied in France. Established on July 27th, 1152, the Bellebranche Abbey was Citeaux’s 389th edifice.
Bellebranche quickly became the richest, most powerful abbey among the Cistercian establishments of the Maine-Anjou region. 

Seeing a divine intervention in this prodigious growth, followers at the time imagined the site’s legend: a rook (corvus frugilegus) holding an oak branch in its beak, dropped it to show the monks where the new abbey should be built. Today Bellebranche’s coat of arms is a golden eagle with spread wings holding a green branch in its beak.

The abbey owned the fiefdom of Beaumont-Pied de Bœuf and many other large fiefs. It established a vast agricultural domain on the adjacent lands and created, in the 13th century, at least seven ponds for fishing and fish breeding. The monastery earned good money from its fishing grounds. In Bellebranche, the monks’ existence was essentially based on agricultural labor. The spiritual life was a large part of their good works as can be seen in the community’s rules. In Angers, the abbey owned a college for the university studies of young monks.

 

 

During the Hundred Years War, the abbey was vandalized many times by the English from 1344 to 1450. They plundered the region for three years and captured Saint-Brice fortress. The monks of Bellebranche were obliged to abandon the abbey to the enemy and took refuge in Sablé Castle with their most precious possessions: crosses, chalices, books and ornaments. The abbey and its farm buildings were pillaged, burned and destroyed while the livestock and stores of grain and wine were stolen. 
The war ruined Bellebranche. But around 1375, wealthy benefactors helped rebuild it.

 

Having barely recovered, the abbey was pillaged again in 1567 by the Huguenots who executed monks by hanging them in the oak trees. When Henri IV founded the College de la Fleche (College of the arrow), he hoped to annex the abbey. But a conflict broke out between the Jesuits and the Abbey of Citeaux who won the case. Bellebranche could again begin an activity and took in novices for the order.
In 1683, only fourteen Cistercians monks, heavily in debt, remained. They had to co-exist with the Jesuits who used Bellebranche as a convalescent home.

Ultimately the French Revolution dealt a final blow to the abbey. On December 2, 1794, the Chouans, who were using the abbatial house as their barracks, were attacked by the Sablé garrison, a mortal blow for the Cistercian adventure.
On February 19, 1793, the Bellebranche domain was sold as a property of the state. In January 1798, the ruined abbey and surrounding woods were meeting places for the Mayenne and Sarthe conspirators.
The domain and ruins of the ancient Cistercian abbey were bought by the Le Seyeux family around 1850.


Among the remains, the laymen’s building and St Michael’s Tower lodging (registered in the Inventory of Historical Monuments) are now slowly being restored. The laymen were devout, non-religious men who did the domestic chores. Their building, more rudimentary than the rest of the abbey, was on the west side of the cloisters and included a storeroom and dining room on the ground floor and a dormitory upstairs.